Au cœur du terroir

Des transformations majeures bouleversent le secteur agricole au cours des dernières décennies du 19e siècle. L’agriculture de subsistance diminue au profit d’une production à plus vaste échelle. Au Québec, cette évolution se caractérise par une forte spécialisation dans la transformation des produits laitiers. Cette industrie prend son essor dans les Cantons de l’Est au cours des années 1870 et s’implante ensuite à la grandeur de la province. C’est toutefois Saint-Hyacinthe qui en constitue le véritable épicentre, tant par l’importance de la production régionale que par la présence de plusieurs institutions spécialisées.

En effet, dès 1882, la ville est choisie pour accueillir le siège de la Société d’industrie laitière de la province de Québec qui vise à accroître la qualité des produits laitiers par le développement d’une véritable expertise dans le domaine. À cet effet, l’École de laiterie de Saint-Hyacinthe est fondée en 1892. On y forme, pendant des décennies, pratiquement tous les fabricants de beurre et de fromage de la province. L’École joue un rôle essentiel dans le développement de l’industrie laitière, notamment grâce aux recherches sur la pasteurisation du lait et sur la production de yogourt qui y sont menées.

Il faut dire que les Maskoutains avaient déjà une longueur d’avance en matière d’excellence agricole. Dès 1846, la Société d’agriculture de Saint-Hyacinthe vise à faire la promotion des meilleures techniques dans ce domaine. Cinq ans plus tard, elle organise une première exposition afin de présenter et récompenser les succès des agriculteurs de la région. L’initiative est reprise de manière irrégulière jusqu’à la fin du siècle, puis annuellement par la suite. Les activités ont d’abord lieu au marché central ou au marché à foin de la basse-ville. Mais l’espace venant à manquer, les organisateurs adoptent, dans les années 1930, le site du rond Laframboise, une piste de course de chevaux, au nord de la ville. L’Expo de Saint-Hyacinthe, l’une des plus importantes de la province, s’y tient toujours chaque année.