Le village de la Cascade, 1763-1800

Les seigneurs de Saint-Hyacinthe

Le village de Saint-Hyacinthe est encore embryonnaire lorsque le seigneur fondateur, Jacques-Hyacinthe Simon dit Delorme, y décède en 1778, à l’âge de 56 ans. Il laisse dans le deuil son épouse en secondes noces, Marie-Anne Crevier, deux tout jeunes enfants nés de cette union, Hyacinthe-Marie et Marie-Anne, ainsi qu’une fille de quatorze ans issue de son premier mariage, Marie-Josephte. Ces trois héritiers étant mineurs, la veuve Crevier devient leur tutrice et administre en leur nom la seigneurie, d’abord avec l’aide du curé Noiseux, puis de son neveu Jean Dessaulles. Cette dernière collaboration marquera durablement l’histoire de la ville.

Le jeune Hyacinthe-Marie, à qui revient la plus grande part de la seigneurie, grandit paisiblement sur les rives de la Yamaska. En 1798, lorsqu’il atteint l’âge de la majorité (qui est alors de 21 ans), le monde qui l’entoure est en profonde mutation. Depuis 1783, suite à la Révolution américaine, la Grande-Bretagne reconnaît l’indépendance des États-Unis. En 1789, la France sombre pour plusieurs années dans la tourmente révolutionnaire. En 1791, le Parlement britannique vote l’Acte constitutionnel, qui crée les colonies du Haut et du Bas-Canada et les dote d’une Assemblée législative élue.

Comme pour refléter ces importants changements – et reconnaître la place prédominante prise par le village de Saint-Hyacinthe depuis une vingtaine d’années –, Hyacinthe-Marie abandonne la résidence construite par son père au Rapide-Plat pour édifier un manoir seigneurial en pierres des champs au sommet du coteau, sur le site de l’actuel parc Dessaulles. De ce point névralgique, il dirige les destinées de ses concitoyens en tant que seigneur, lieutenant-colonel de la milice et bientôt député du comté. Il décède toutefois en 1814, à l’âge précoce de 36 ans. Célibataire et sans enfants, il lègue la seigneurie à son cousin et principal homme de confiance, Jean Dessaulles. Un nouveau chapitre de l’histoire de Saint-Hyacinthe s’ouvre alors.

Reconstitution du manoir selon Caroline Dessaulles-Béique, 1939
Source : Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

Le manoir et le marché en 1837. Dessin de l’arpenteur Reneault-Blanchard
Source : Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

Emplacement du manoir Dessaulles et de ses dépendances. Carte de l’arpenteur Reneault-Blanchard, 1836
Source : Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe