Du cuir au coton

Depuis les années 1860, l’industrie du cuir et de la chaussure domine le paysage maskoutain. Toutefois, si le secteur se maintient pendant encore plusieurs décennies, ce sont les entreprises de textile qui deviennent le véritable moteur de l’économie locale à la fin du 19e siècle. Saint-Hyacinthe représente en effet un milieu parfait pour l’implantation de ces grandes manufactures, grâce à la disponibilité de l’énergie hydraulique fournie par la rivière Yamaska et à un important bassin de main-d’œuvre à bon marché, formé notamment de femmes et d’enfants.

Au début des années 1870, le moulin à farine seigneurial est ainsi remplacé par une fabrique de lainage dans laquelle investissent la famille Dessaulles et le riche homme d’affaires montréalais Joseph Barsalou. La Compagnie manufacturière de Saint-Hyacinthe est bientôt rejointe par plusieurs autres entreprises, principalement des filatures de coton. Les conditions de travail y sont difficiles, avec des horaires longs, des salaires faibles et aucune sécurité d’emploi ou assurance en cas d’accidents de travail, pourtant fréquents. Des générations de travailleurs maskoutains s’y succéderont néanmoins, permettant à plusieurs d’éviter l’exil dans les filatures de Nouvelle-Angleterre.

À partir des années 1880, la valeur de la production textile augmente, ce qui favorise la spécialisation des usines ainsi qu’une concentration au sein de l’industrie. À Saint-Hyacinthe, la Penman’s Limited fait ainsi l’acquisition, au tournant du 20e siècle, de la plupart des manufactures situées le long de la rivière. La compagnie procède à plusieurs agrandissements et investit également dans de nouvelles infrastructures, comme la construction d’une nouvelle digue en béton armé. L’entreprise s’impose bientôt comme le principal employeur de la ville, dont la population atteint 10 859 personnes en 1921.