Le village de la Cascade, 1763-1800

Un centre régional

L’établissement du Rapide-Plat croît peu à peu, mais lorsqu’en 1772 vient le temps de construire un nouveau moulin à farine pour répondre aux besoins de la population grandissante, le seigneur Delorme choisit plutôt un emplacement à quelques kilomètres en amont, au pied d’un coteau bordé de cascades qui fournissent une abondante puissance hydraulique. Le site de la Cascade se révèle rapidement plus attirant pour les colons, et c’est à cet endroit que se développe bientôt un petit noyau villageois.

Ce transfert du cœur de la seigneurie coïncide avec l’ouverture d’un nouveau front pionnier à l’ouest : des défricheurs de Saint-Ours, Saint-Denis et Saint-Charles-sur-Richelieu ouvrent des routes qui permettent de relier plus aisément la vallée du Richelieu au petit village de la Cascade, aussi connu sous le nom de Maska ou de Saint-Hyacinthe.

En 1775, à l’occasion du déclenchement de la Guerre d’indépendance des États-Unis, les troupes américaines occupent Montréal durant un hiver. Bien que bref, l’événement a des répercussions jusqu'au village de Maska, qui est alors l’endroit habité le plus près de la frontière, en suivant la rivière Yamaska. Afin de renforcer leur système de défense, les autorités britanniques y édifient, en 1778, un petit blockhaus pour abriter leurs patrouilleurs chargés de surveiller cette région frontalière. La construction de ce poste militaire et de celui de Saint-Césaire en 1780 contribue à briser l’isolement de la seigneurie.

En fait, de village frontière, Saint-Hyacinthe se retrouve à l’orée du 19e siècle au centre d’un réseau local et régional qui permet de rejoindre aisément Montréal et Québec, l’État du Vermont au sud, et à l’est, les nouveaux townships qui s’ouvrent à la colonisation. En 1815, l’arpenteur Joseph Bouchette affirme d’ailleurs à propos de Saint-Hyacinthe : « il y a un concours continuel d’étrangers qui se rendent aux frontières ou qui en viennent, et il y a pour les recevoir une ou deux auberges, où ils trouvent toutes les commodités possibles… ».

Un des moulins de la Cascade vers 1870
Source : Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

La seigneurie de Saint-Hyacinthe. Détail de la Carte topographique du Bas-Canada de Joseph Bouchette, 1815
Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec

La seigneurie de Saint-Hyacinthe. Détail de la Carte des provinces du Haut et du Bas-Canada de Joseph Bouchette, 1831
Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec