Le curé Girouard et le Séminaire
Depuis la Conquête, les autorités britanniques exercent un contrôle très étroit sur l’arrivée de religieux d’origine française. Le secteur de l’éducation, apanage du clergé depuis les débuts de la colonie, souffre tout particulièrement de cette disette religieuse. Au tournant du 19e siècle, le recrutement local s’impose donc comme une nécessité pour répondre aux besoins spirituels et éducationnels d’une population en pleine expansion. Mgr Plessis, évêque de Québec, se fait une priorité de la fondation de collèges aptes à former une nouvelle élite intellectuelle.
Au Séminaire de Québec et au Collège de Montréal s’ajoutent ainsi, en 1803, le Séminaire de Nicolet, et, en 1811, le collège de Saint-Hyacinthe, qui deviendra le Séminaire de Saint-Hyacinthe. Celui-ci est donc l’un des tout premiers établissements d’enseignement secondaire du Québec.
Cette fondation est essentiellement l’œuvre d’Antoine Girouard, curé de Saint-Hyacinthe depuis 1805. Issu de la première cohorte étudiante formée à partir de 1773 au Collège de Montréal, le curé Girouard avait œuvré comme missionnaire à la Baie-des-Chaleurs, puis en tant que curé de Pointe-aux-Trembles durant une quinzaine d’années. Pour les autorités catholiques, cet homme d’expérience représente la personne idéale pour promouvoir l’éducation dans les campagnes du Bas-Canada, ainsi que pour faire face à l’arrivée des colons protestants dans les cantons qui s’ouvrent à la colonisation au sud et à l’est de Saint-Hyacinthe.
Antoine Girouard contribue généreusement de ses propres fonds au collège naissant, les premiers cours ayant d’ailleurs lieu dans son presbytère. Mais il sait également récolter le soutien des seigneurs de la région, notamment de la famille Dessaulles dont il est un proche. Il ne néglige pas non plus l’éducation des jeunes filles, fondant en 1816 le couvent de Lorette, à l’origine de l’actuel Collège Saint-Maurice.
Le consensus que réussit ainsi à créer autour de son œuvre le curé Girouard permet ainsi à la jeune agglomération de la vallée de la Yamaska de se démarquer durablement comme l’un des centres intellectuels les plus dynamiques de la province.
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