Une pépinière religieuse
Au début du 19e siècle, la grande majorité de la population du Bas-Canada est de religion catholique. Toutefois, tous ne fréquentent pas l’église de manière assidue, et la messe du dimanche représente souvent plus une occasion de socialisation qu’un rituel religieux. À l’époque des rébellions de 1837-1838, plusieurs notables se déclarent d’ailleurs ouvertement anticléricaux, un sentiment partagé par le seigneur de Saint-Hyacinthe, Louis-Antoine Dessaulles.
Tout change considérablement après 1840, la situation difficile des Canadiens français leur faisant souvent voir dans l’Église la dernière grande institution capable de défendre leur culture. Le Québec vit alors un véritable renouveau religieux, qui se manifeste notamment par une augmentation rapide du nombre de vocations. Les 464 prêtres que la province compte en 1840 sont plus de 1412 en 1870, soit une augmentation de 300 % en 30 ans.
L’Église catholique en profite pour renforcer son encadrement en créant de nouveaux diocèses. En 1852, le choix de la dynamique ville de Saint-Hyacinthe comme siège épiscopal s’impose tout naturellement. Les évêques maskoutains se révèlent des hommes de caractère avec beaucoup d’initiative. Ainsi, la renommée de Monseigneur Louis-Zéphirin Moreau et le miracle de guérison qu’on lui attribue lui vaudront d’être béatifié en 1987.
La vitalité religieuse de Saint-Hyacinthe y amène de nombreuses congrégations religieuses. Aux Sœurs de la Charité, responsables de l’Hôtel-Dieu depuis 1840, s’ajoutent ainsi en 1853 les Sœurs de la Présentation de Marie, qui prennent la tête du couvent de Lorette, ancêtre de l’actuel Collège Saint-Maurice. La ville voit également naître, en 1861, la première communauté contemplative canadienne, les Religieuses Adoratrices du Précieux-Sang, qui se consacrent à la prière et à la pénitence. En 1877, Élisabeth Bergeron fonde les Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe, qui œuvrent dans le domaine de l’éducation, tandis que six ans plus tard, Éléonore Charron donne naissance à l’Institut des Sœurs de Sainte-Marthe.
Du côté des congrégations masculines, les Dominicains choisissent Saint-Hyacinthe comme lieu de leur première cure canadienne en 1873. Quant à l’éducation de la jeunesse, elle est prise en charge par les Frères du Sacré-Cœur à partir de 1881, ainsi que par les Frères Maristes et les Frères de Saint-Vincent-de-Paul au sein de l’œuvre du « Patro ».
Cette intense activité religieuse a laissé d’importantes traces architecturales qui parent encore aujourd’hui toute la ville.
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